MC : Même s 'il vous faut vous bagarrer en permanence avec la matière, avec le matériau que vous utilisez ?
    A. Le More : Il arrive en effet que nous soyons confrontés à des effets proprement insupportables dès qu'ils sont mis à plat, que ce soit dans le format, la dimension ou le rapport entre les tons. Alors, j'abandonne pour un temps la rigidité du projet initial et le résultat est souvent très éloigné de l'intention de départ. Où est dans tout cela la part de la vérité ? Et celle du rêve ?
    MC : Fignolez-vous la définition de vos couleurs ?
    A. Le More : Peindre un beau vert - ou toute autre couleur -, y revenir sans cesse,
    le moduler, le reprendre, le vernir pour obtenir le ton idéal. Non ! Telle n'est pas
    ma préoccupation principale.
    Pour moi, une couleur n'existe que parce qu'elle est juxtaposée à une autre couleur. Un vert n'a de présence et de réelle consistance que s'il est placé à côté d'un jaune, d'un bleu ou d'un rouge.
    MC : Si, en plus de votre palette de peintre, vous disposiez d'un lexique composé de seulement trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
    A. Le More : Sans hésiter : Amour et Joie. C'est le résumé de toute vie. De la mienne pour le moins.
    MC : Et le troisième mot ?
    A. Le More : Peut-être Autonomie ne serait-ce que pour donner libre cours au dynamisme qui m'anime et dans lequel je me reconnais totalement.
    MC : Il se dégage en effet de votre personne un tonus évident.
    A. Le More : Certains artistes nourrissent leurs Œuvres de toutes leurs angoisses. De fait, le drame et le tourment sont des sources de l'art.
    Pour ma part, par tempérament, par bonheur à l'abri de grands bouleversements et gourmande de la vie qu'il me plaît de partager, je suis plutôt gaie. D'aucuns diraient « positive ». Le sérieux n'est pas nécessairement triste !

Cette interview, réalisée pour la revue ACTION sociale et santé, a été reprise dans le livre A. Le More, éditions Le Léopard d'or, 2004,144 p.

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