MC : Dans la grande communauté que forment les artistes, la concurrence ne fait pas de cadeau. Il faut vendre, se placer. Et chacun se retrouve seul.
    A. Le More : Bien sûr ! Un artiste est plus ou moins armé pour assumer la charge promotionnelle de son talent. Il se peut qu'il cherche à percevoir tout de suite le fruit de son travail. Pour ce faire, il ira au plus facile et produira ce que le public attend dans l'immédiat. Je pense pourtant que la vocation de l'artiste ne se limite pas à cette immédiateté.
    Même s'il ne rencontre pas de succès rapide, même s'il ne figure pas au Top 50, un artiste authentique poursuivra sa démarche dans le sens de l'écriture qu'il croit être la sienne, quoi qu'il en coûte. Il n'en demeure pas moins vrai que la reconnaissance, fût-elle minime, est indispensable au créateur. En réponse à son travail solitaire en atelier, il a besoin d'être écouté, apprécié, aimé et entouré de ses pairs.
    MC : Votre peinture est sans nul doute le fruit d'une évolution personnelle. De quelles influences vous réclamez-vous ?
    A. Le More : Sculpteurs ou peintres, certains professeurs de mes débuts m'ont en effet fortement influencée. Ils gravitaient eux-mêmes dans l'orbite de leurs propres maîtres. Les peintres représentaient pour moi l'évolution et l'aboutissement de l'École française, de la peinture post-cézanienne notamment.
    Puis mon cheminement s'est affirmé. Mon style s'est précisé autour de trois dominantes : le thème, la couleur et le rythme. La couleur, c'est la vie. Le rythme est une pulsion qui vous habite en permanence. Même lorsque je cherche à réaliser des toiles plus sages, plus tranquilles, je suis comme malgré moi emportée par ces
    deux constantes.
    Dois-je reconnaître que je les subis ? En tout cas, elles s'imposent à moi au point que leur absence dans une toile me mettrait maintenant mal à l'aise.
    MC : Quels sont les événements, les spectacles, les situations dont vous vous inspirez dans votre peinture ?
    A. Le More : Il m'est tout d'abord facile d'énumérer ce qui ne m'inspire pas directement. Comme tout un chacun, je suis sensible à la beauté d'un coucher de soleil ou d'une montagne enneigée. Mais ces cartes postales ne représentent pas pour moi un sujet de peinture.
    De même pour certains thèmes plus intimistes, comme la maternité - et pourtant, je suis mère et grand-mère ! - ou les enfants. Sans doute est-ce parce que je respecte trop cette sphère personnelle et qu'il m'est difficile de l'aborder.
    Vous constaterez que certaines de mes toiles sont inspirées par des milieux culturels que j'ai pu côtoyer, comme l'Égypte le Maroc ou la Grèce. Mais je n'en fais jamais état en termes de folklore ou de pittoresque. Je préfère les compositions qui, tout en étant tournées vers une certaine mythologie, sont le fruit de mon imagination.
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